Problèmes de l’écosystème d’innovation au Québec

Pour faire suite au billet précédent et comme une priorité est une piste de solution à un problème,  je vous expose trois problèmes fondamentaux qui hypothèquent notre capacité à innover.

Je ne prétends pas détenir la vérité.  Je souhaite contribuer à identifier ces problèmes. Sinon, les solutions proposées risquent d’être de simples pansements temporaires sur des symptômes.

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Absence de leadership créatif et inspirant en éducation

Sauf pour les industries numériques (logiciels et jeux), le Québec a surtout développé une culture davantage réactive que pro-active en innovation.

Inspiré des histoires épiques comme celle de Joseph-Armand Bombardier, c’est une culture d’inventeurs, de “patenteux” dans des “machine shop” et d’innovation ponctuelle dominée par l’ingénierie de produits et de services à « pousser » dans le marché qui prédomine; non une culture d’innovation divergente inspirée par le design d’expériences pour des clients qui recherchent (“tirent”) activement dans l’internet à l’échelle planétaire.

Ça commence à l’école!

Exposé de manière éloquente par Sir Ken Robinson, le niveau de créativité divergente est sensiblement le même à la naissance.  Malheureusement, il décroît avec un système d’éducation qui cherche plutôt à normaliser les compétences qu’à nourrir la créativité naturelle et à développer l’intelligence critique de nos jeunes.

La culture d’un peuple développe ses racines dans son éducation.  Pour être intelligente et innovante, une communauté ou une entreprise doit d’abord être apprenante.

Une équipe, une organisation ou une communauté est à l’image de son chef.

Depuis l’arrivée de Geoff Molson et de Marc Bergevin, le Canadien de Montréal est construit avec des joueurs qui ont du coeur et qui jouent en équipe.  Tony Hsieh, CEO de Zappos, a transmis “Adopt Holocracy or leave!”  à son équipe pour changer la culture de gestion de son entreprise . Le maire Régis Labaume a orchestré la métamorphose du visage et de la dynamique de la ville de Québec.

À la tête du ministre de l’éducation et à l’instar de son prédécesseur, monsieur Blais projette l’image d’un pion dans une partie d’échec dirigée par des financiers sans vision écohérente et sans capacité de lecture du contexte actuel.

Ça nous prend d’urgence un ministre de l’éducation fort, curieux, inspirant et innovant. Imaginez Guy Laliberté, Robert Lepage ou Gregory Charles comme ministre de l’éducation. De tels entrepreneurs créatifs contribueraient à percer les silos administratifs qui nous enlisent collectivement et à forger cette culture d’innovation divergente.

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Systèmes de 2015 avec des habitudes de gestion 1980

Combien y a-t-il de consultants au Québec qui réalisent des diagnostics 5 fonctions (RH, marketing, finances, management et opérations) financés par Emploi-Québec dans nos PME?  Parmi eux, combien sont en mesure d’identifier les meilleures pratiques d’affaires numériques pour chacune des fonctions?

Le Mouvement québécois de la qualité est le leader des Meilleures Pratiques d’Affaires (MPA).  Qu’en est-il des MP@?   Dans nos universités, offrons-nous des MBA ou des MB@? Est-ce que les dirigeants et les professeurs à l’ENAP peuvent faire migrer cette institution vers une EN@P?

Le MEIE offre un programme d’aide à l’exportation pour les entreprises.  Outre la possibilité de modifier ou de créer un site web, on ne fait référence qu’à des stratégies classiques de pénétration de marchés avec déplacements.  Qu’en est-il de l’exploitation des environnements numériques B2B internationaux sans déplacements comme Amazon, Alibaba et Ariba?

Dans ce monde en constante évolution et hyper-connecté, nos leaders, leurs conseillers stratégiques et nos enseignants doivent redevenir des apprenants.  Pour la grande majorité d’entre eux, leurs formations, leurs stratégies et leurs habitudes de gestion datent des années 1980.

Le premier ministre britannique a nommé récemment le président d’Alibaba comme conseiller en affaires économiques.  Qu’a-t-il compris que nos dirigeants tardent à saisir?

Ces derniers doivent stimuler leur curiosité et leur volonté à manœuvrer dans cet environnement numérique qui rend les cadres d’analyse conventionnels incomplets. Ils doivent s’entourer des entrepreneurs, explorateurs et formateurs les plus habiles dans cet environnement numérique pour co-apprendre, co-innover et co-développer ensemble.

Cette mise-à-niveau est urgente et essentielle pour développer une culture d’évolution continue, une intelligence collective critique et des compétences pour nourrir cet écosystème d’innovation.

Ah oui, il y a aussi des G(gens)2015 pris avec des S(systèmes)1980.  Pourquoi?  Parce que les G qui dirigent les S sont confortables avec les technologies de cette époque.

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Méconnaissance du contexte, des opportunités et des risques de nos PME

Depuis quelques semaines, j’ai cherché à obtenir des réponses à cette question:

Existe-t-il une source pouvant déterminer le pourcentage des PME au Québec dont leurs clients sont des …

  • donneurs-d’ordres privés manufacturiers (Bombardier, Alcoa)?

  • donneurs-d’ordres privés distributeurs physiques (Costco, Canadian Tire)?

  • donneurs-d’ordres privés distributeurs numériques (Amazon, Ebay, Costco.com)?

  • donneurs-d’ordres publics (gouvernements)

  • donneurs-d’ordres para-publics (Hydro-Québec, SAQ)?

  • donneurs-d’ordres OBNL (Nations Unies, Croix-Rouge)?

  • d’autres PME?

  • consommateurs directs?

L’internet et le Web permettent de développer des stratégies de niches.  Les problèmes des uns ne sont pas nécessairement ceux des autres.  Conséquemment, les stratégies d’innovation doivent être adaptées aux marchés ciblés.

À mon grand étonnement et après avoir consulté des gens du MEIE, de l’Institut de recherche sur la PME et de STIQ, personne n’a réussi à me répondre.  Comme les gouvernements contribuent financièrement de différentes façons aux succès des PME, je suis étonné de constater que cette information n’ait pas été colligée jusqu’à présent.

Il n’existe pas de solution « one size its all ».  À chacune de ces catégories correspond une combinaison G.P.S., des environnements numériques et une stratégie (classique/numérique) de pénétration de marchés bien distincte.

Dans une économie inter-connectée mondialement, il y a trop d’angles morts et d’indicateurs de performance non mesurés en affaires numériques internationales.

Par conséquent, est-ce que le gouvernement du Québec planifie les stratégies de développement économique à l’aveuglette?

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En voyez-vous d’autres?

Si vous êtes d’accord qu’il faille changer la culture et les résultats en innovation au Québec, posez-vous cinq(5) fois la question « pourquoi? ».  Arrivez-vous à d’autres problèmes que ceux ci-haut mentionnés?

L’identification de problèmes est la base de l’apprentissage et du processus du Design Thinking.

Je le répète: je ne détiens pas la vérité.  Toutefois, nous pouvons nous en approcher ensemble.

P.S.  J’ai mis mon grain de sel en MAJ (Mise-à-jour) du billet précédent.


Comments

Une réponse à “Problèmes de l’écosystème d’innovation au Québec”

  1. […] … mesurer et comprendre les niches de marchés B2B des PME? […]