Dear #JustinTrudeau

Cher Justin,

Le mois dernier, au sommet du G20 en Chine, vous étiez fier d’annoncer une collaboration plus étroite avec Jack Ma pour la promotion des entreprises canadiennes sur «sa» plateforme Alibaba.

Étant également actif sur cette plateforme pour le compte d’un client, j’ai reçu récemment ce message:

«The theme of this year’s G20 summit is building an innovative, invigorated, interconnected and inclusive world economy—a goal that happens to be one of Alibaba founder Jack Ma’s crusades!

Affichage de en cours...

Ma wants to use internet technology to do for the world what e-commerce has done for China, streamlining supply chains, cutting out middlemen, circumventing red tape and thus enabling small companies to efficiently reach customers all over the world.

It is no surprise that the G20 leaders named Ma chairman of their affiliated SME Development Task Force, a G20 advisory group. This allows Ma to champion the idea of inclusive globalization, for which the main idea is the Electronic World Trade Platform (eWTP), which combines internet technology with open commercial policy.

The goal is to level the playing field for SMEs all over the world, in the process revving up a potent engine of job creation and spurring economic development in countries that have NOT seen the fruits of globalization.

Ma’s eWTP initiative reminds us that more trade means greater prosperity. And the e-commerce can lead the way!»

Je comprends votre enthousiasme.  Qui ne souhaiterait pas accéder à un marché numérique de plus de 400 millions de clients en ligne?  Les PME canadiennes, particulièrement au Québec, «dorment au gas» en 2016 en matière d’affaires numériques internationales.

Au-delà de leurs propres sites web, lorsqu’elles en ont un, elles ignorent ces puissants environnements d’affaires numériques internationaux que sont les Alibaba, Amazon et Ariba.  Sauf que …

eWTP : Pays des jouets de Pinocchio?

Écrit par Jaron LanierWho owns the future? expose les risques d’effritement de la classe moyenne et de l’économie en générale par la trop grande concentration de données à quelques méga serveurs (« siren servers ») sur la planète.

 

L’analyse de Lanier est inspirante et inquiétante.  Qui dans votre entourage a lu ce livre et peut vous éclairer?  Êtes-vous en train de «vendre» le Canada à rabais?  À qui appartiendra le futur de notre économie?

Avec un accès privilégié au flux de méga-données transactionnelles («Big Data»), Alibaba a déjà une capacité d’analyse phénoménale.  En les combinant avec les données publiques (brevets, documents douaniers), cette plateforme pourrait accéder à de l’information stratégique unique sur les chaînes d’approvisionnement de nos entreprises. Personne au Canada, ni même nos gouvernements, ne disposera d’une telle capacité d’analyse prédictive sur notre économie et nos réseaux d’affaires.

Tout évolue tellement vite dans cet univers numérique que personne ne semble porter attention à la méga-concentration de données que nous leurs donnons sans nous en rendre compte. Sommes-nous attirer comme Pinocchio dans une grande foire sans savoir ce qui nous attend vraiment?

Chaque opportunité comporte son lot de risques.  Quelles sont les risques d’ouvrir les portes des entreprises canadiennes sans contrôle de leurs données?  À qui les données de nos entreprises appartiendront-elles?  Qui en aura accès?  Quelle est et sera la gouvernance de cette eWTP?

Souhaitez-vous un Canada connecté ou intelligent?

Ne voir que le potentiel de promotion de nos entreprises sur cette plateforme, c’est ne se concentrer que sur les écrans. Si vous ne faites que connecter nos entreprises, ce sont les chinois qui profiteront de l’intelligence que cette plateforme développera.  Souhaitez-vous une économie canadienne simplement connectée ou intelligente?

  • Au Canada, qui a de l’expérience sur ce type de plateforme?  Qui a la capacité de détecter et d’analyser les données transitant sur ces méga-serveurs?
  • Quels processus permettront de qualifier la conformité, l’intégrité et la fluidité des entreprises ainsi que les informations (données) que notre gouvernement souhaite promouvoir sur cette plateforme?
  • Quels systèmes peuvent nous permettre de profiter de ces environnements d’affaires numériques internationaux (et bien d’autres) sans nous rendre vulnérable à moyen et long terme?

Aucune personne ni aucune université ne peut répondre seule à ces questions.  Pour une véritable intelligence collective en affaires numériques internationales, le Canada doit se doter d’une combinaison de G.P.S. aussi diversifiés que curieux pour une économie intelligente et indépendante de ces méga-serveurs.

Merci pour votre ouverture à ces réseaux d’affaires numériques internationales, mais pas à tout prix.

Bien cordialement.