Pour qualifier: la perfection ou la transparence?

Un ami ce matin me stimule par un article qu’il m’a numérisé (scanné) et partagé via courriel.  Il faut souligner que l’article n’est disponible qu’en version papier et destiné aux gestionnaires en approvisionnement.

Essentiellement, ce que l’auteur de l’article affirme et ce n’est pas nouveau, c’est que les traces laissées dans les réseaux sociaux ou ailleurs dans l’Internet pourraient venir hanter une personne lorsqu’elle applique pour un nouveau poste.

Ce que je lui ai répondu

Je pense que les paramètres de qualification vont changer progressivement avec l’arrivée d’une génération qui ne pénalise pas nécessairement l’imperfection des actions. 

Ces nouveaux leaders risquent de pénaliser la perméabilité des infos en ligne vs la transparence sachant très bien que personne n’est parfait. 

On pardonne plus facilement à un artiste qui a une grande visibilité qu’à un curé qui cache tout sous sa soutane.  La force du réseau de contacts devient un rempart de protection contre des attaques injustifiées.

Combien de pseudos « pattes blanches » ont commis des crimes graves au sein des entreprises, des organisations et de gouvernements?

La transparence a cet avantage de qualifier celles et ceux qui souhaitent nourrir des liens de qualité.  Or, si quelqu’un ne sélectionne pas un professionnel parce qu’il a mis un photo de ses fesses en ligne ou a exprimé une opinion qui va à l’encontre de la sienne, aussi bien ne pas l’engager. L’employeur ne dispose pas de la culture pour exploiter son plein potentiel. 

La vie est trop courte pour s’emmerder…c’est ce que les jeunes se disent.

It’s just a video…

La troisième vidéo partagée dans ce billet de Michelle m’interpelle. (MAJ 2024 – La vidéo n’est plus disponible)

Comment Michelle réagirait-elle si un « comique » décidait d’arriver en canot tranquillement en direction de son nouveau havre de paix pour capter des moments d’intimités avec sa chérie sur le quai?  Hey, it’s just a video!

Comment aurais-je réagi face à cet usage abusif de Google Glass? J’y réfléchis encore…

Une entreprise dispose de caméras pour protéger ses actifs et pour rassurer ses clients.  Ce « camera man » n’avait rien à protéger.  Il n’avait qu’une expérience à réaliser.

De quel droit peut-il venir s’imposer ainsi dans la vie privée des gens?  Il y a une nuance entre capturer des images dans son champ de vision involontairement vs suivre ou même harceler quelqu’un sans son consentement.  Il n’y aucun droit qui protège les gens contre l’insolence.  Le savoir-vivre, la délicatesse et la politesse sont des valeurs qui ne sont pas liées aux Systèmes utilisés, mais au Gens qui en font usage.

De « No Evil » à « No Privacy »

Dans un univers où le respect à la vie privée sera de plus en plus menacé, il y a un avantage à être public.  Même si Jeff Jarvis partage les avantages de cette transparence et certaines limites qu’il s’impose dans son livre Public Parts, il s’interroge sur l’impact de cette nouvelle technologie:  « I see you: the technopanic over Google Glass »  Est-ce que le « No evil » de Google n’est en fait qu’un leurre?

Avec l’harmonisation des conditions d’utilisation de tous ses services, l’importation automatique des photos prise avec des appareils mobiles disposant d’Android,  les Hangout, les Google Glass qui envahiront le marché et qui sait ce qui s’en vient, est-ce que Google est en train d’imposer une culture de  « No privacy »?

Imaginez maintenant si cette capacité d’enregistrer, de consulter et de transmettre se trouvait dans un verre de contact?

Le stockage des données

Ce qui me dérange n’est pas tant le partage des infos que leur entreposage sur des serveurs dont nous ignorons les usages que les propriétaires peuvent en faire.

Que feront-ils à court terme et dans quelques générations avec ces infos?  Par association, est-ce que la réputation d’un membre d’une famille affectera la crédibilité de ses descendants?

Nous ignorons l’identité et le niveau d’intégrité des gens qui ont accès à ces serveurs « cloud ».  À la vitesse où nos institutions évoluent, nos gouvernements et notre système législatif ne sont pas en mesure de s’adapter au rythme d’introduction de ces technologies modifiant nos paradigmes de société.

No privacy en affaires?

Sur sa page Facebook, Nicolas Roberge partageait sa participation à une consultation sur les règles et les pratiques des organismes publics en matière contractuelle.  Ça m’a inspiré ce commentaire:  L’intégrité transactionnelle débute dans la rigueur et la transparence des devis au début du cycle d’approvisionnement.

Je « vois » plusieurs opportunités et risques à une plus grande transparence en affaires.  Nos dirigeants ne sont nullement prêts pour ce qui s’en vient.

Pour bonifier cette réflexion, voici deux billets pour mettre en perspective cette culture de traçabilité qui se déploie mondialement dans les molécules d’approvisionnement.

Les jeunes qui m’entourent sont mes mentors

Ça fait un bail que je réfléchis sur le sujet.  J’observe activement ce que mes enfants et neveux/nièces publient dans les réseaux sociaux.  J’essaie de me mettre dans leur esprit à leur âge (il a déjà trop longtemps).

Sans être psychologue ou sociologue, je suis curieux de comprendre les fondements de ce besoin d’egocasting et de recherche active de rétro-actions d’amour surtout chez les adolescentes et les jeunes femmes.

Comment les adolescents d’aujourd’hui et nos leaders de demain se sentent face à cette capacité de rendre tout public?

Ni vu, ni connu = suspect?

Ce n’est pas parce qu’une personne n’est pas accusée qu’elle n’est pas coupable.  C’est peut-être le cas officiellement dans notre société de droit.  Toutefois, combien de bandits et de criminels circulent librement?  Combien ont intérêt à ce que l’omerta soit valorisée car financièrement rentable pour eux?

Mon esprit reste ouvert.  Et vous?

En tant qu’immigrants technologiques, ces changements de paramètres viennent me chercher profondément.

Toutefois, je ne condamne pas, mais je m’interroge.  Ma curiosité m’incite à évaluer et gérer le risque plutôt que de m’objecter systématiquement.  Je suis en mode observation active.   Et vous?

 


Comments

6 réponses à “Pour qualifier: la perfection ou la transparence?”

  1. Ton vidéo est troublant. D’un côté je veux lui dévisser la tête. De l’autre, si je le fais, il va avoir la preuve sur vidéo 😉

    Remarque que le type est très envahissant. S’il se comportait comme une personne normale, les autres ne s’en seraient probablement pas rendu compte.

    Mais bon, l’ère de se fouiller dans le nez en toute impunité arrive probablement à sa fin 😉

  2. Luc Gendron

    Effectivement, s’il venait s’immiscer dans mon intimité, j’aurais sûrement le goût de lui faire perdre ses fameuses lunettes 😉

    Cependant et comme tu le soulignes, les preuves captées pourraient se tourner contre la personne qui réagit.

    La meilleure défensive est peut-être l’offensive c’est-à-dire de posséder cette même capacité de capturer des images de celui qui nous enregistre et de faire une veille sur ce qu’il publiera par la suite.

    George Orwell n’avait pas imaginé un Big Brother aussi mobile! 😉

  3. Salut Luc, J’ai regardé le vidéo et ma première pensée va directement en lien avec notre discussion de cet après-midi. Un mot résume le tout: Éthique!

  4. Luc Gendron

    Merci Micheline pour ton commentaire.

    Je suis d’accord avec toi concernant l’importance et la pertinence d’un code d’éthique. C’est ce qu’une personne ou une entreprise peut gérer.

    En complément, je m’intéresse à l’impact de la dynamique de groupe pour qualifier ou protéger une personne ou une entreprise.

    À l’instar du « crowdsourcing », je crois qu’il existe un espèce de « crowdshield » ou « crowdreputation » par les réseaux que nous nourrissons autour de nous.

    Je me risque une hypothèse: plus nos vies sont publiques avec éthique, transparence et authenticité, plus nos réseaux de contacts, de fans et d’observateurs se transforment en défenseurs et en ambassadeurs 😉

  5. […] ne se mesure pas par l’absence d’accusation ou de condamnation (Pour qualifier, la perfection ou la transparence?) […]

  6. Denis Côté

    Merci Luc…une très bonne reflection datant de 2013 et qui est encore plus d’actualité aujourd’hui (2016)!
    J’adhère à l’hypothèse (confirmé depuis) de l’éthique, la transparence et de l’authenticité ! Je m’y reconnais totalement!